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comme une ordure. L’individu, si zélé pour sa famille, est d’une atroce indifférence pour le reste de sa race. Chacun pour soi. En second lieu, je me demande, sans pouvoir trouver encore une réponse à ma question, comment s’y prennent certains parasites pour faire profiter leur larve des provisions amassées par le Chalicodome. S’ils s’avisent de pondre leur œuf sur la pâtée de la cellule ouverte, l’abeille, le voyant, ne manquera pas de le rejeter ; s’ils s’avisent d’y pondre après la propriétaire, ils ne le peuvent car celle-ci mure la porte aussitôt la ponte faite. Curieux problème réservé aux recherches futures.

Enfin, j’implante dans la pâtée un bout de paille de deux à trois centimètres de longueur et qui dépasse amplement les bords de la cellule. L’insecte l’extrait à grands efforts en tirant de côté ; ou bien, s’aidant des ailes, il tire de haut. Il part comme un trait avec la paille engluée de miel, et va le rejeter au loin, par-dessus le platane.

C’est ici que les affaires se compliquent. J’ai dit qu’au moment de pondre, le Chalicodome arrive avec une pelote de mortier, qui doit servir à confectionner aussitôt la clôture du logis. L’insecte, les pattes de devant appuyées sur la margelle, introduit l’abdomen dans la cellule ; il a aux dents le mortier prêt. L’œuf déposé, il sort et se retourne pour murer la porte. Je l’éloigne un peu et j’implante à l’instant ma paille comme ci-dessus, paille qui déborde de près d’un centimètre. Que va faire l’insecte ? Lui, si scrupuleux à débarrasser le logis d’un grain de poussière, va-t-il extraire cette poutre, cause certaine de ruine pour la larve, dont elle gênera la croissance ? Il le pourrait, car tout à