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du miel, une fenêtre presque aussi grande que l’ouverture naturelle. Quelque temps encore l’abeille apporte des provisions, puis elle pond. Par l’ample fenêtre, je vois déposer l’œuf sur la pâtée. L’insecte travaille ensuite à l’opercule, qu’il retouche à petits coups, avec les soins les plus minutieux, tandis que la brèche reste béante. Il bouche scrupuleusement sur le couvercle tout pore où pourrait s’engager un atome, et il laisse la grande ouverture qui livre le logis au premier venu. À plusieurs reprises, il vient à cette brèche, il y plonge la tête, il l’examine, il l’explore des antennes, il en mordille les bords. Et c’est tout. La cellule éventrée restera ce qu’elle est, sans une truelle de mortier de plus. La partie compromise date de trop loin pour qu’il vienne à l’hyménoptère l’idée de s’en occuper.

C’en est assez, je crois, pour montrer l’impuissance psychique de l’insecte devant l’accidentel. Cette impuissance est confirmée par la répétition de l’épreuve, condition de toute bonne expérience ; mes notes abondent en exemples analogues à ceux que je viens d’exposer. Les rapporter, ce serait se redire ; je les néglige pour abréger.

L’épreuve répétée ne suffit pas, il faut aussi l’épreuve variée. Examinons donc l’intellect de l’insecte sous un autre point de vue. Il s’agit de l’introduction de corps étrangers dans la cellule. L’Abeille maçonne, comme tous les hyménoptères du reste, est une ménagère de scrupuleuse propreté. Dans son pot à miel, aucune souillure n’est permise ; à la surface de sa marmelade, aucun grain de poussière n’est toléré. Et pourtant, avec son récipient ouvert, la précieuse pâtée est exposée à des accidents. Les ouvrières des cellules d’en