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tion. Adressons-nous alors à d’autres hyménoptères.

Je choisis les Pompiles, dont les mœurs seront étudiées en détail dans un autre chapitre. Ce sont des chasseurs d’araignées et des fouisseurs de terriers. Le gibier, nourriture de la future larve, est d’abord capturé et paralysé ; la demeure est ensuite creusée. Comme la lourde proie serait grave embarras pour l’hyménoptère en recherche d’un emplacement propice, l’araignée est déposée en haut lieu, sur une touffe d’herbe ou de broussailles, à l’abri des maraudeurs, fourmis surtout, qui pourraient détériorer la précieuse pièce en l’absence du légitime possesseur. Son butin établi sur l’élévation de verdure, le Pompile cherche un lieu favorable et y creuse son terrier. Pendant le travail d’excavation, il revient de temps à autre à son araignée ; il la mordille un peu, il la palpe comme pour se féliciter de la copieuse victuaille ; puis il retourne à son terrier, qu’il fouille plus avant. Si quelque chose l’inquiète, il ne se borne pas à visiter son araignée : il la rapproche aussi un peu de son chantier de travail, mais en la déposant toujours sur la hauteur d’une touffe de verdure. Voilà les manœuvres dont il me sera facile de tirer parti pour savoir jusqu’à quel point la mémoire du Pompile est flexible.

Pendant que l’hyménoptère travaille au terrier, je m’empare du gibier et le mets en lieu découvert, distant d’un demi-mètre de la première station. Bientôt le Pompile quitte le trou pour s’enquérir de sa proie, et va droit au point où il l’avait laissée. Cette sûreté de direction, cette fidélité dans la mémoire des lieux peuvent s’expliquer par des visites antérieures et réitérées. J’ignore ce qui s’est passé avant. Ne tenons