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dent la sortie des femelles, s’en disputent la possession en des rixes interminables, puis disparaissent lorsque les travaux sont en pleine activité. Que leur importait, me disais-je, de revenir au gâteau natal plutôt que de s’établir ailleurs, pourvu qu’ils y trouvent à qui déclarer leur flamme ! Je me trompais : les mâles reviennent au nid. Il est vrai que, vu leur faiblesse, je ne leur ai pas imposé long voyage : un kilomètre environ. C’était néanmoins pour eux une expédition lointaine, un pays inconnu, car je ne leur vois pas faire longues excursions. De jour, ils visitent les gâteaux ou les fleurs du jardin ; de nuit, ils prennent refuge dans les vielles galeries ou dans les interstices des tas de pierres de l’harmas.

Les mêmes gâteaux sont fréquentés par deux Osmies (Osmia tricornis et Osmia Latreillii), qui construisent leurs cellules dans les galeries laissées à leur disposition par les Chalicodomes. La plus abondante est la première, l’Osmie à trois cornes. L’occasion était trop belle de s’informer un peu à quel point la sensibilité directrice se généralise chez les hyménoptères ; je l’ai mise à profit. Eh bien ! les Osmies (Osmia tricornis), tant mâles que femelles, savent retrouver le nid. Mes expériences ont été faites rapidement, en petit nombre, à de faibles distances ; mais elles concordaient si bien avec les autres qu’elles m’ont convaincu. En somme, le retour au nid, en y comprenant mes essais d’autrefois, a été constaté pour quatre espèces : le Chalicodome des hangars, le Chalicodome des murailles, l’Osmie à trois cornes et le Cerceris tuberculé. Dois-je généraliser sans restriction et accorder à tous les hyménoptères une faculté de se retrouver en pays inconnu ? Je me gar-