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ne reviennent pas au logis, qu’ils aient tourné ou non dans un sac. Par surcroît de précaution, on se sera avisé de les soumettre à la pratique rotatoire ; et cette pratique a fait ainsi ses preuves au moyen de succès qui lui étaient étrangers. Ce qu’il fallait dépayser pour juger la méthode, c’était le chat adulte, le vrai matou.

Sur ce point, j’ai fini par trouver les témoignages que je désirais. Des personnes dignes de foi, d’esprit réfléchi, aptes à démêler les choses, m’ont raconté avoir essayé la méthode du sac tournant pour empêcher les chats de revenir à la maison. Personne n’y a réussi lorsque la bête était adulte. Transporté à une grande distance, dans un autre logis, après rotation consciencieuse, l’animal revenait toujours. J’ai en mémoire surtout un ravageur des poissons rouges d’un bassin, qui, dépaysé de Sérignan à Piolenc suivant la méthode sacramentelle, revint à ses poissons ; qui, transporté dans la montagne et abandonné au fond des bois, revint encore. Le sac et la rotation restant sans effet, il fallut abattre le mécréant. J’ai recensé un nombre suffisant d’exemples analogues, tous dans de bonnes conditions. Leur témoignage est unanime : la rotation n’empêche nullement le chat adulte de revenir. La croyance populaire, qui m’avait d’abord tant séduit, est un préjugé de campagne, basé sur des faits mal observés. Il faut donc renoncer à l’idée de Darwin pour expliquer le retour aussi bien du chat que du chalicodome.