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désordres d’une blessure s’aggravant. La larve qui naît au fond a donc à côté d’elle, dans son âge tendre, les vivres de péril moindre, les plus vieux, les plus débilités par conséquent. À mesure qu’elle avance dans le tas, elle trouve un gibier plus récent, plus vigoureux aussi, mais l’attaque se fait sans danger parce que les forces sont venues.

Ce progrès du plus mortifié à celui qui l’est moins, suppose que les vermisseaux ne troublent pas leur ordre de superposition. C’est ce qui a lieu en effet. Mes prédécesseurs dans l’histoire des Odynères ont tous remarqué l’enroulement en forme d’anneau qu’affectent les vers servis à la larve. « La cellule, dit Réaumur, était occupée par des anneaux verts, au nombre de huit à douze. Chacun de ces anneaux consistait en une larve vermiforme, vivante, roulée et appliquée exactement par le côté du dos contre la paroi du trou. Ces vers ainsi posés les uns au-dessus des autres, et même pressés, n’avaient pas la liberté de se mouvoir. »

Je constate, à mon tour, des faits semblables dans mes deux douzaines de vermisseaux. Ils sont enroulés en forme d’anneau ; ils sont empilés l’un sur l’autre, mais avec quelque confusion dans les rangs ; de leur dos, ils touchent la paroi. Je n’attribuerai pas cette courbure annulaire à l’effet du coup d’aiguillon très probablement reçu car jamais je ne l’ai constatée dans les chenilles opérées par les Ammophiles ; je crois plutôt que c’est une pose naturelle du ver pendant l’inaction, de même que l’enroulement en volute est naturel aux Iules. Dans ce bracelet vivant, il y a tendance au retour vers la configuration rectiligne ; c’est un arc bandé qui fait effort contre l’obstacle qui l’entoure. Par