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d’être, nous allons le voir ; elle a sa logique, qu’on ne se lasserait d’admirer.

Cet œuf, pondu dans la cellule vide, n’est pas fixé au hasard, sur un point quelconque de la paroi, libre de partout ; il est appendu non loin du fond, à l’opposé de l’entrée. Réaumur avait déjà remarqué cet emplacement de la larve naissante, mais sans insister sur ce détail dont il ne soupçonnait pas l’importance. « Le ver, dit-il, naît sur le fond du trou, c’est-à-dire sur le fond de la cellule. » Il ne parle pas de l’œuf, qu’il paraît ne pas avoir vu. Cette position du ver lui est si bien connue que, voulant essayer l’éducation dans une cellule vitrée, ouvrage de ses doigts, il place la larve au fond et les vivres au-dessus.

Pourquoi vais-je m’arrêter sur un menu détail que raconte en quatre mots le célèbre historien des Odynères ? — Petit détail, oh ! non ; mais bien condition majeure. Et voici pourquoi. L’œuf est pondu au fond, ce qui exige que la cellule soit vide et que l’approvisionnement se fasse après la ponte. Maintenant les vivres sont emmagasinés, une pièce après l’autre et couche par couche, en avant de l’œuf ; la cellule est bourrée de gibier jusqu’à l’entrée où, finalement, les scellés sont mis.

Parmi ces pièces, dont l’acquisition peut durer plusieurs jours, quelles sont les plus vieilles en date ? Celles qui avoisinent l’œuf. Quelles sont les plus récentes ? Celles qui sont vers l’entrée. Or, il est d’évidence, l’observation directe, du reste, le prouve au besoin ; il est d’évidence, dis-je, que les vermisseaux entassés diminuent d’un jour à l’autre de vigueur. Il suffit des effets d’un jeûne prolongé, sans compter les