Page:Fables chinoises du IIIe au VIIIe siècle de notre ère.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA VIEILLE MÈRE


Il était autrefois une très vieille mère,
Écoutez le récit de sa douleur amère :
Elle avait un enfant qu’elle adorait, un seul ;
Or elle dut un jour préparer son linceul ;
Quand elle eut déposé ce fils au cimetière,
Elle crut voir en lui mourir la terre entière ;
Avec lui, toute joie à jamais s’envolait ;
Rien ne la charmait plus, rien ne la consolait :
— Je n’avais qu’un seul fils, et ce fils me délaisse !
Ah ! qui donc veillera sur ma triste vieillesse ? —
Disait-elle — je veux dormir auprès de lui
Puisque, par son départ, s’est bien évanoui
Tout espoir de bonheur, pour moi, sur cette terre !
Elle cessa de boire et manger solitaire,
Elle vécut ainsi pendant quatre ou cinq jours…
Mais le sage Bouddha passait aux alentours,
Et, cherchant un peu d’ombre, il vint au cimetière ;