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Quand il vit sur le seuil le sanglant nakoula :
— Le monstre, cria-t-il, — vient de tuer son frère —
Alors, sans réfléchir, cédant à la colère,
Sur ce cher bienfaiteur, terrible, il se rua
Et le tua.
Puis il franchit la porte et vit le petit être
Jouant, suçant ses doigts
et, près de la fenêtre,
Gisaient les sept tronçons du perfide serpent.
Il souffrit ce que souffre un cœur qui se repent,
Disant : — Tu dois la vie au nakoula ton frère,
Et moi je l’ai tué ! — Sa douleur fut sincère ;
En prononçant ces mots, il tomba sur le sol.
Alors, au sein du ciel, on entendit un vol ;
Un deva[1] prononçait la gâtha[2] que je cite :
« L’homme est toujours puni qui trop se précipite ;
« Ne te hâte jamais de juger — tout est là ! —
« Pour n’être point nommé « tueur de nakoula ».

  1. Deva, divinité. Prononcer dêva.
  2. Stance.