Page:Fables chinoises du IIIe au VIIIe siècle de notre ère.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dit à sa femme : « Ayez grand soin,
Si vous allez dehors — que ce soit près ou loin —
D’emmener notre fils. » L’enfant mangeait du beurre.
Sa mère lui cria : « Je suis à toi sur l’heure
Je vais chez ma voisine et reviendrai grand train :
J’ai besoin d’un pilon pour écraser du grain. »
Or le parfum du beurre
Dans la pauvre demeure
Fit venir un serpent
Le reptile rampant
Traversa la cabane,
Et le fils du brahmane
Courut un grand danger.
Qui sut le protéger
Contre la gueule ouverte
Et conjurer sa perte ?
Le nakoula, voyant le serpent, fit trois sauts,
Et, le mordant six fois, le mit en sept morceaux :
« Ô mon frère — dit-il — je t’ai sauvé la vie ;
Que notre bonne mère en sera donc ravie ! »
Pour qu’elle pressentît de loin ses beaux exploits,
Il barbouilla de sang sa gueule par trois fois.
Justement le brahmane, ayant rempli sa bourse,
Rencontra son épouse elle hâtait sa course ;
Il allait demander : — Vous n’étiez donc pas là ?… —