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C’est ce qui vous porta malheur.
Pourquoi des coups ? Pourquoi cette vile insolence
De « Corne courbe, avance »
Je vous donne, ô mon maître, un avertissement :
Pas de rudes propos, parlez-moi doucement,
Publiquement
Dites :
— Lorsque vous étiez veau, des épines maudites
Vous blessèrent au pied ; alors, pauvre animal,
Tandis que vous cherchiez la cause de ce mal,
Votre corne entra dans la terre
Et, simple raison du mystère,
On sait que depuis ce jour-là
Elle est courbe, voilà ;
Mais vous êtes un bœuf noir de fort belle essence
Et vos cornes étaient très droites de naissance. —
L’homme, cessant de le rosser,
Se mit à le brosser.
Et, pour lui témoigner une amitié sans bornes,
Il fit couler sur ses puissantes cornes
De l’huile de sésame et les orna de fleurs
De toutes les couleurs.
L’attelant à son char, mais cette fois à droite,
Il eut cette apostrophe aimable et plus adroite :
— Grand bœuf noir qui portez bonheur,