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et qui ne lui en garde nul ressentiment ; il se contente de dire : « L’œil de chair, si difficile à obtenir, m’a été enlevé mais j’ai acquis l’œil parfait, irréprochable, de la vérité. »

Cet œil parfait, combien d’hommes à travers des milliers de générations n’ont-ils pas tenté de l’acquérir ? Nous marchons encore à tâtons, poursuivant le même but du moins pouvons-nous, sans crainte de nous tromper, obéir aux dernières recommandations du Bouddha mourant : « Luttez sans relâche. »

Si tous les efforts désintéressés des hommes à travers les siècles ont convergé vers ce point : la recherche de la Vérité, les déboires qu’une telle recherche peut nous coûter, loin d’arrêter notre poursuite, ne doivent-ils pas la stimuler Cette pensée a rarement été rendue avec plus de force que dans le coûte suivant, si bref, et d’un symbolisme si élevé :

« Autrefois il était un roi qui, lorsqu’il sortait pour se promener, descendait en toute hâte de son char toutes les fois qu’il rencontrait un çramana[1] et lui rendait hommage.

Un religieux lui dit : « Ô grand roi, n’agissez pas ainsi vous ne devez pas descendre de votre char. » Le roi répliqua : « Je monte je ne descends pas ; voici pourquoi je dis que je monte et que je ne descends pas : en rendant

  1. Çramana, ascète, mendiant religieux.