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Un cierge éclaire tout de lueurs vacillantes,
Et chacun pleure, – hors la martyre au grand cœur,
Dont l’esprit affranchi du corps plane en vainqueur,
Et dont l’œil entrevoit des clartés consolantes…

Un grand chien blanc soupire, accroupi dans un coin,
Comme s’il entendait venir la mort furtive ;
Et l’horloge de bois, sentinelle attentive,
Mesure les instants et les compte avec soin.

Et ma mère vous dit les dernières paroles,
Celles qu’on garde en soi comme on garde un trésor,
Et que la majesté farouche de la mort
Rend sublimes aux cœurs même les plus frivoles.

Puis tout se tait. Le drap immobile est moins blanc
Que la face amaigrie et que les mains fluettes ;
Un sourire s’épand sur les lèvres muettes ;
Elle paraît dormir sous le cierge tremblant…