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« Çà ! dit-il tout à coup, qu’on ouvre la fenêtre !
Nos seigles et nos prés sont mûrs assurément ;
Enfants, le ciel blanchit, le jour va bientôt naître,
Et les faucheurs seront ici dans un moment… »

Et de ses yeux qu’emplit déjà l’aube éternelle,
Sur les sommets encor dans la brume assoupis
Où l’alouette va bientôt ouvrir son aile,
Il regarde ses prés et ses champs blonds d’épis.

Un instant lui suffit pour revivre sa vie :
Il se revoit berger debout sur le coteau,
La joue en fleur, les yeux brillants, l’âme ravie,
Malgré l’hiver qui souffle aux trous de son manteau ;

Puis laboureur tenant à deux poings la charrue
Et pétrissant le sol de ses sabots trop lourds,
Se piquant aux ajoncs de la lande bourrue,
Brûlé, transi, trempé, — pourtant chantant toujours ;