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Chante-leur les chansons de tes forêts mouvantes,
De tes fleuves roulant de l’ombre ou du soleil,
La complainte des mers par les nuits d’épouvantes,
Ou des grands prés joyeux à l’heure du réveil.

Pour eux plus que jamais montre-toi maternelle,
Prodigue-leur tes biens à travers les saisons ;
Et – comme la perdrix abrite sous son aile
Ses poussins – dans tes bois cache tes nourrissons.

Rends leurs corps beaux et fiers comme les troncs des hêtres,
Comme tout ce qui naît et croît en liberté ;
Ressuscite pour eux l’âme de leurs ancêtres,
Toute faite d’élan, de force et de clarté ;

Et tu nous sauveras des abîmes où tombe
Tout peuple qui t’oublie ou rit de tes leçons,
Car tu ne voudras point n’être plus qu’une tombe,
Ô mère des soldats et mère des moissons !