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Où les a-t-il donc vus, le corps mou, le cœur lâche,
Allant aux urnes comme au boucher leurs troupeaux,
Puis se faisant sauter les doigts d’un coup de hache
Lorsque l’heure a sonné de joindre les drapeaux ?

Eh quoi ! les rejetons des anciens volontaires
Et des troupiers d’Afrique à l’élan surhumain
N’ont plus rien des vertus chez nous héréditaires,
Et voilà quels seraient nos vengeurs du demain ?

Non, non, c’est blasphémer l’armée et la patrie
Que de sacrifier les cadets aux aînés,
De dire que la veine héroïque est tarie,
Et que plus rien ne pousse en nos champs moissonnés…

Ah ! ne touche donc pas à ce valet de ferme,
À ce fils de berger sur la lande grandi :
Sous leur front dur et clair habite un esprit ferme,
Et sous leur blouse bat un cœur chaud et hardi.