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Où sur un sol ingrat sans verdure et sans eaux,
Sous la soif et la faim, les obus et les balles,
Tant de pauvres enfants, des meilleurs, des plus beaux,
― Ainsi qu’au grand soleil des épis sous la faux, ―
Si follement, si loin des campagnes natales,
Tombèrent dans de vains assauts…

Mon laboureur qui tant aimait son coin de terre,
Ses genêts, ses prés verts et ses coteaux herbeux,
Et la source où, le soir, il abreuvait ses bœufs,
Et sa ferme, et peut-être, avec crainte et mystère
D’un amour patient qu’il devait encor taire,
La fille d’un maître ombrageux ;

Le voyez-vous mourir longuement sur le sable,
Là-bas, dans un pays atroce de païens,
Les yeux martyrisés par l’azur implacable,
Sans un regard ami de son ciel ni des siens,
Sans que nul sur sa lèvre, à l’instant redoutable,
Mît le signe aimé des chretiens !…