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Sans se douter encor que la Mort la voulait
Toute, et qu’avec sa voix son âme s’en allait…

Ô chère voix qui ne vis plus qu’en notre oreille ;
Voix qui faisais jadis notre maison pareille
À la ruche joyeuse et vibrante sans fin ;
Voix tendre et si prenante, archet vraiment divin
Qui passais sur les cœurs, et jamais, ô merveille,
Ne les sollicitais en vain ;

Maintenant que dans l’air tu t’es évanouie,
Perdue, ― ou bien plutôt, puisque rien ne se perd,
Très loin, très loin de nous à tout jamais enfuie,
Sans doute entrée au vaste et sublime concert
Où pour l’éternité Dieu fait ses symphonies
Avec toutes nos voix dans son amour unies,
― Ma voix de vieux poète aux destins révolus
Gémira sur le tien, mais ne chantera plus.