Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.

garçons de Baltimore dont j’ai parlé. J’avais pris d’eux plusieurs bonnes leçons : j’en recevais encore, et la pensée de les quitter avait quelque chose de bien pénible. Je partais en outre, sans l’espérance d’obtenir jamais la permission de revenir. M. Thomas m’avait dit qu’il ne me l’accorderait jamais. Il s’était élevé une barrière entre lui et son frère, qu’il regardait comme infranchissable.

J’eus alors à regretter de n’avoir pas fait le moindre effort pour m’enfuir ; car les chances de succès sont dix fois plus grandes à la ville qu’à la campagne.

Je partis de Baltimore pour Saint-Michel dans le bateau Amanda, capitaine Édouard Dodson. Pendant la traversée, je fis une attention toute particulière à la direction que prenaient les bateaux à vapeur pour aller à Philadelphie. Je m’aperçus qu’au lieu de descendre la baie, en arrivant à la pointe du Nord, ils la remontaient dans la direction du nord-est. Je considérai la connaissance de ce fait comme étant de la plus grande importance. Ma détermination de m’échapper se ranima. Je résolus d’attendre qu’une occasion favorable se présentât, mais pas plus longtemps. Dès que cette occasion s’offrirait à moi, j’étais bien décidé à en profiter pour me sauver.