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Grâce à son influence, M. Samuel Hamilton — ne pas confondre avec le beau-frère du Captain Thomas — un de nos plus riches planteurs, avait émancipé ses esclaves. Rev. Cookman oppressait sous la question, chaque conscience de maître.

Nous, habituellement écartés des réunions de prière, il nous y conviait. Fait immense, car la communauté blanche fronçait le sourcil à l’apparence, même éloignée, d’une instruction quelconque, donnée soit au nègre asservi, soit à l’homme de couleur indépendant[1].

Mais ici, une autre blanche figure se présente : celle de M. Wilson. Il avait ouvert chez M. James Mitchell, homme de couleur, une école du dimanche destinée aux enfants noirs.

— Voulez-vous m’aider à la tenir ? — me demanda-t-il un jour.

— Aussi souvent que je le pourrai ! — répondis-je. L’école du dimanche, n’était-ce pas mon bonheur à Baltimore ?

Nous avions une vingtaine d’élèves, cela marchait bien : — Il vaut la peine de vivre ! pensai-je, le cœur joyeux : Au moins, je sers à quelque chose !

Soudain, une troupe, maître Thomas et ses amis en tête, tous armés de bâtons, se rue dans notre modeste salle, disperse nos enfants, nous interdit de recommencer, et clôt l’exécution par un mot de l’un des meneurs, le poing sous mon nez : — Si tu as envie de faire le

  1. Le Rév. George Cookman fut englouti dans le naufrage du Président.