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VII

contrastes.


Misère, abjection, tourments d’un côté. Orgueil, pompe, magnificence de l’autre !

Les pénuries de l’esclave aux champs, ses haillons, ses labeurs forcés : pluie, vent, froidure ; embrasement de soleil, estomac vide et nuits blanches ; tout s’évanouissait, comme les fantômes quand naît le matin, aux approches de la Grande Maison.

Les hôtes, vêtus, selon le langage des Écritures, « de pourpre et de fin lin, se traitaient magnifiquement tous les jours. »

La table ployait sous les raretés achetées au prix du sang. Fleuves et forêts, villes et campagnes, l’Océan, les monts, tout payait tribut au monarque de ces lieux. Il faudrait recourir aux noces de Gamache, pour décrire semblable profusion.

Plume, poil, écaille ; pintades, cygnes, dindons, perdrix, cailles, faisans ; daims et sangliers ; bœufs, moutons et veaux ; truites, saumons, turbots, soles, crabes, huîtres, homards — j’en passe et des meilleurs — venaient se faire dévorer chez l’ogre.