Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/328

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de pain ! — Et je ne rencontre point quelque vieux camarade des stratas inférieurs ; mains calleuses, rides au front, dos ployé sous les rudes labeurs, écartant à grand’peine la louve : la faim, du logis ; que l’émotion fraternelle ne m’étreigne, avec cette pensée : Sans des circonstances indépendantes de ta volonté, tu en serais là !

Grâce à elles, je sortis à temps de l’esclavage, pour rencontrer cette généreuse phalange, dont Lloyd Garrison était le chef, qui me prit sous son égide, qui me poussa, qui me soutint, et qui ne m’abandonna plus.

« L’honneur à qui l’honneur ! »

Merci ! vous les valeureux, les inflexibles, qui m’avez reconnu pour homme, aimé comme frère ; en dépit des sarcasmes, des affronts, des haines et des fureurs !

Merci ! vous les femmes d’élite, dont les pitiés, l’intelligence, le courage, ont si souvent adouci mes souffrances et relevé mon espoir !


Un dernier mot.

C’est à mon peuple que je l’adresse.

Frères, le chemin qui mène au progrès est ouvert. Nulle ignorance, que ne puisse dissiper la volonté de savoir ; nulle indigence, dont ne puisse triompher le travail ; nul bas niveau, dont ne puisse émerger la distinction. — Ni chaînes, ni verrous, ni violence, ne viendront jamais à bout de tuer la dignité, d’écraser l’âme, de paralyser l’effort.

Mais, faites-y attention. Les lois protectrices, pas plus que les amis, ne relèveront une race, à moins