Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/320

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mistress Norris ou de mistress Hilles — considérablement humanisée — m’emmènerait dans sa voiture, et m’abriterait pour la nuit. Avec mille remercîments, je me séparai du sénateur et de mistress Norris, pour suivre chez elle mistress Hilles, ma précédente hôtesse.

L’atmosphère s’y était si bien dégelée, que M. Hilles me conduisant le lendemain — dans ce même phaéton où la veille je n’avais pu trouver place — au rendez-vous assigné par mes amis, s’écria :

— Monsieur Douglass, je me sens plus fier de vous sentir là, près de moi, que si j’y avais le président des États-Unis !

Compliment que j’eusse trouvé plus flatteur, si John Tyler n’avait point, à cette époque, occupé le siége présidentiel.

Raconter mes expulsions des omnibus, trains, wagons, tables d’hôte, cabines, je n’aurai jamais fini !

Chose étonnante, l’esclave était souffert, en des places d’où l’on expulsait ignominieusement le noir libre.

Assis, à Philadelphie, dans un train à côté de mistress Post, ancienne amie de la famille :

— Sortez ! me crie le conducteur.

Mistress Post s’indigne. Je reste ferme au poste.

— Ce nègre est-il à vous ? reprend le conducteur.

— Oui.

Et l’esclave supposé, demeure en paisible possession de ce fauteuil, hors duquel on allait jeter l’homme de couleur indépendant.


Il m’arrivait parfois de résister, on s’en souvient. La