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l’objet d’un respect que ne pressentait guère le Frédérik Douglass qu’ils marchandaient alors.

Causant de ces souvenirs, l’hiver dernier, avec mon ami, l’honorable J. L. Thomas, percepteur maritime à Baltimore :

— Vous ne savez pas, lui dis-je, quel désir m’obsède ?

— Non.

— Revoir la plantation Lloyd !

— Rien de si aisé. Je fais, dans mon cutter, de fréquentes tournées vers la rive orientale ; venez avec moi !

— Pareille visite plairait-elle au propriétaire actuel ? (le colonel Edward Lloyd, petit-fils de l’ancien et imposant Governor, que je me rappelais si bien) ?

— Parfaitement. Le colonel est un esprit libéral.

Il résulta de notre conversation, que le 1er juin nous montâmes, MM. Thomas, Thompson, Chamberlain et moi, sur le cutter. Quatre heures après, le Guthrie jetait l’ancre dans la rivière ; et du tillac, je contemplais les pyramidales cheminées de la Grande-Maison.

Parti esclave, ignoré, sur une barque de transport ; revenu libre, réputation faite, sur un bâtiment de l’État !

Un billet de M. Thomas, dépêché à la Grande-Maison, en ramena M. Howard, fils du colonel, arrière-petit-fils du Governor.

— Mon père, nous dit-il, est absent. Permettez-moi de le remplacer auprès de vous.

C’est donc guidés par ce jeune gentleman, affable et courtois, que nous parcourûmes la plantation.