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de couleur qui me transmettaient leurs travaux, ample moyen de se prouver devant le public.


L’expérience, dit-on, est le mieux écouté des professeurs. Ses leçons, par malheur, n’élucident pas tous les problèmes. On n’a jamais fini d’apprendre ; c’est toujours à recommencer !

J’allais en savoir quelque chose.

Chacun connaît la Freedmen’s Savings, cet établissement colossal, fondé par les hommes les mieux accrédités du monde philanthropique et religieux ! — Les créateurs avaient deux buts : fournir un placement sûr, aux économies si durement gagnées du peuple de couleur ; infiltrer dans ces âmes africaines, les principes de la sagesse, de la prévoyance, de la sobriété, de l’épargne, de l’ordre… de toutes les vertus.

Appels et circulaires s’étaient répandus comme neige en hiver, sur des milliers de têtes crépues. Succursales dans le Sud, dans l’Ouest, où que s’agitât la fourmilière noire : — Regardez à la Banque et vivez ! — tel était le cri.

Il en résulta que les dollars accoururent, que les petits ruisseaux firent des rivières, les rivières des fleuves, et que les voûtes de la Freedmen’s Savings, abritèrent millions sur millions.

De si prodigieux trésors, exigeaient un contenant digne d’eux. On vit donc s’élever un palais splendide : marbres, bois précieux et le reste.

Je ne passais point le long des grandes fenêtres, sans y glisser un regard ; et, voyant ces bataillons de