Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XIV

vivre, apprendre.


Être élu !

— Établissez-vous dans le Sud ! me disaient bon nombre de mes concitoyens : — Les hommes de couleur y forment la majorité, vous leur inspirez confiance, ils vous pousseront, vous arriverez au Congrès… peut-être au Sénat !

Aller vivre parmi mes frères, à cette fin de capter leurs bonnes grâces, de briguer leurs votes, de faire de leurs suffrages, les degrés de l’échelle aux ambitions : la chose blessait ma dignité.

L’atmosphère politique de Washington — j’en avais à peine respiré quelques bouffées — me laissait certaines pudeurs. Je me sentais un maigre politicien. Et quant à l’éloquence, la mienne, qui s’était exercée dans le Nord, manquait des fortes épices que requièrent les palais du Sud.

Le pouvoir venait, au surplus, de passer des vieux États esclavagistes, retardataires et rebelles, aux États libres, éclairés et loyaux. Il convenait de l’y laisser.