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qui passionna les spectateurs et défraya les journaux du lendemain. Je venais d’apercevoir au coin de la rue, mistress Sears, la fille de mon ancienne, de ma chère maîtresse ; de cette Lucretia Auld, dont la compassion m’avait tant de fois protégé contre les emportements de tante Katy. Courir à elle, fut plus vite fait que dit :

— Vous ici ! m’écriai-je (mistress Sears résidait à Baltimore) : Vous ici, à Philadelphie, pourquoi ?

— Pour vous voir, Frédérik Douglass ! Pour vous voir au milieu du cortége !

Et il y avait des heures, qu’accompagnée de ses deux enfants, elle suivait la procession ; des heures qu’elle, fille d’un propriétaire d’esclaves, écoutait avec bonheur les cris de joie qui éclataient sur les pas de l’esclave évadé, libre, délégué de la Convention !

Une autre circonstance nous avait, sept années auparavant, mis en présence.

Je donnais une conférence à Philadelphie. :

— Savez-vous, me vint dire un gentleman, savez-vous qui vous écoutait ce soir ?

— Non.

— Mistress Sears.

— Qui est mistress Sears ?

— La petite fille de Captain Aaron Anthony.

— Captain Anthony, mon vieux maître ?

— Précisément. M. Sears possède ici, dans la ville même, un vaste magasin de charbon.

Je courus au bureau de M. Sears. Il me reçut froidement et me tint à distance :