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XIII

après la guerre.


La paix était conclue, l’esclavage aboli, mon œuvre terminée. Une grande tristesse, celle que produit le vide, s’empara de moi.

J’avais atteint le point culminant de ma vie, la tribune abolitionniste allait où vont les choses passées ; on n’avait plus besoin de ma voix : auditoires sympathiques, chers compagnons de travail, tout s’effaçait. Un assez long bout de chemin me restait à parcourir sur la terre. Je ne pouvais, comme vingt-cinq années auparavant, raboter les planches, charrier les tonneaux d’huile, charger, décharger, goudronner les navires. Bons dans leur temps, pareils labeurs n’étaient plus aujourd’hui ni faits pour moi, ni moi pour eux. Impropre aux travaux de ma jeunesse, mal préparé à d’autres destinées, contraint d’abandonner le vieil habit — opération toujours difficile — de m’ajuster au neuf — ce qui n’est guère plus aisé — je restais perplexe et malheureux.

« Quelque titre que portent mes allocutions, disait