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Frédérik Douglass est à la porte, détenu par ses agents.

Quelques instants après, nous traversions la salle de l’Est, ses élégances, son peuple de visiteurs, que Lincoln dominait de toute sa taille et de toute sa dignité. Du plus loin qu’il me vit :

— Voilà mon ami Douglass ! — s’écria-t-il. Puis, me tendant la main : — Je vous ai vu au Capitole. Que pensez-vous de mon adresse ?

— Monsieur Lincoln, ma pauvre opinion ne vaut pas la peine de vous attarder : Il y a là des milliers de personnes…

— Non, non ! Parlez, Douglass ! Je tiens à votre opinion, plus qu’à celle de milliers de gens !

— Eh bien, monsieur Lincoln, votre discours a été un élan suprême : un acte de foi. Voilà ce que je pense.

— Et moi, je suis heureux que vous pensiez cela[1].


Victoires sur victoires, saluèrent le second avénement de Lincoln.

Richmond tomba ; sa chute écrasa le Sud. Et nous, Bostoniens, réunis dans ce Faneuil Hall, que remplissait tout grand événement ; dont si souvent la voix des Choate, des Sumner, des Parker avait fait vibrer les

  1. Aucun ordre de proscription, est-il besoin de le dire ? n’avait été transmis aux policemen qui gardaient si fièrement l’entrée du palais présidentiel. Ils obéissaient à la tradition ; un peu comme les chiens qui se frottent le cou, longtemps après que le collier a disparu.

    Les marrons tirés du feu, mes amis les croquèrent, cela va de soi. Ceux-ci m’avaient blâmé, ceux-ci m’avaient poussé ; une fois la porte de la Maison Blanche enfoncée, chacun y passa.