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de celui-ci, qu’en fait d’égalité, il pensait comme le président de la République.

Il y avait dans Lincoln — ce n’est pas mon amour-propre qui le dit, c’est ma conscience qui l’affirme — il y avait dans Lincoln, plus qu’un grand politique ; il y avait un grand homme : trop grand, pour être jamais petit. Jamais, dans les relations que je soutins avec le président, mot, allusion, regard, ne vinrent me rappeler ou mon humble origine, ou la nuance mal portée de ma peau.

Cette bienveillance, je la devais sans doute aux recommandations de MM. Chase et Seward ; avant tout, à ce fait, que je représentais ma race : Ce qu’elle était, ce qu’elle pouvait devenir.


Le moment où Lincoln allait quitter la présidence, s’avoisinait cependant ; le terme fatal approchait. L’esclavage, tué en fait ; en principe, n’était pas mort. Ses partisans inventèrent alors (1864) la candidature de Mac-Clellan. Mac-Clellan, président, tout s’effondrait.

En attendant, le parti démocratique, le parti qui, sous Buchanan, avait trahi l’Union, se démenait de son mieux. — La guerre, à l’entendre, était, du commencement à la fin, une ignoble banqueroute ! Les démocrates au pouvoir, c’était le retour de la paix ! Enfin, le pays allait respirer… et l’esclavage refleurir.

Mac-Clellan, au lieu de Lincoln ! Le désastreux général, au lieu du président vainqueur ! — Quand le parti démocratique nous proposa l’affaire, à nous les pa-