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XII

l’étoile du matin.


La guerre durait depuis deux ans : une guerre de conciliation, plutôt que de conquête. Mac-Clellan, général en chef, semblait s’être donné pour tâche d’abattre la rébellion, sans froisser les rebelles ; tout au moins, sans blesser l’esclavage. Le gouvernement paraissait y avoir consenti, sinon coopéré.

Les protestations de Charles Summer, Garrison, Wendel Phillips, Gerrit-Smith, de la phalange abolitionniste tout entière, étaient venues s’écraser contre les murs de la Maison-Blanche.

Nous combattions la révolte, mais non sa cause ; les esclaves nous aimaient, et nous les méprisions ; les maîtres nous haïssaient, et nous les ménagions. Nous baisions la main qui nous frappait ; celle qui nous aidait, nous la repoussions avec dégoût !

La clef de la situation, la fin des désastres, c’était pourtant, qu’on le niât ou non : quatre millions d’esclaves ! — Esclavage aboli, nœud tranché !

Or, tout à coup, 1er janvier 1863, le gouvernement, qui avait résisté à tous les conseils, à toutes les supplications, aux sinistres avertissements que lui donnait ses