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devrait les rendre coulants en matière de conditions. La paye s’égalisera plus tard ; l’inégalité actuelle, est une concession nécessaire, à des préventions dont vous n’ignorez pas l’énergie. — Votre second point : Même protection pour tous, implique des difficultés presque insurmontables. Les représailles sont un terrible remède, d’une application malaisée ; on sait où cela commence, on ne sait où cela finira. Certes, si je pouvais mettre la main sur les bandits qui ont massacré les prisonniers de couleur, le châtiment serait sévère ; mais pendre un homme, pour le crime qu’a commis un autre homme, la chose me révolte. Croyez-moi, le conflit perdra ses férocités ; il s’humanise déjà ; les confédérés commencent à traiter, non plus en félons, mais en prisonniers de guerre, nos soldats noirs capturés sous les armes. Le progrès moral résoudra mieux le problème, que la loi du talion !

Si les arguments de Lincoln me laissaient douteur, l’esprit qui les dictait m’inspira la plus sincère vénération pour l’homme, aussi modéré qu’il était fort.

Abordant le troisième point, Lincoln se montra bienveillant, sans se commettre, néanmoins :

— Je signerai, dit-il, tout brevet pour soldat noir que me présentera, en l’appuyant, mon secrétaire de la guerre.

J’étais entré découragé, résolu d’abandonner le recrutement ; je sortis remonté, plein d’espoir, décidé à l’action.

Après le président des États-Unis, le secrétaire de la guerre : Stanton après Lincoln ! — Dana me présenta.