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Seward, Adams, Anthony, Giddins, carguaient leurs voiles devant la tempête qui venait du Sud ! Ils cherchaient des moyens conciliateurs ; ils nommaient des comités chargés d’examiner les griefs ; ils s’efforçaient de jeter des ponts volants par-dessus l’abîme.

Ceux qui avant l’élection criaient : — Qui donc a peur ? — tremblaient dans leurs souliers. Le renforcement du Fugitive slave bill ; le veto d’un seul État, suffisant à empêcher l’émancipation décrétée par le gouvernement fédéral — si jamais il en avait le courage — voilà, parmi beaucoup d’autres, les idées que forgeaient, que lançaient dans le public, les emportements de la pacifique lâcheté !

Grâce à Dieu, la folie du Sud sauva le Nord.

Donnât-on au Sud carte blanche — ainsi s’exprimait son représentant, M. Ireson, de Géorgie — avec prière d’y écrire les conditions du traité, le Sud n’écrirait rien.

Free (libre) le Sud abhorrait le mot ! — Terre libre, États libres, libre enseignement, libre parole, presse libre, tout ce qui portait ce nom odieux : liberté, il l’exécrait — Une fois pour toutes, il en voulait finir : Sécession ou la mort !


Et sans ce cri, et sans cette démence, le Nord continuait à s’aplatir, le Sud à gouverner, la démoralisation à progresser, l’aiguille à reculer sur le cadran de la civilisation américaine : l’esclavage à forger ses fers, partout où ondoie le drapeau étoilé.