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leurs esclaves, en quelque État que ce fût, avec ou sans l’autorisation des citoyens dudit État ;

Abraham Lincoln, représentant du pouvoir constitutionnel : Droit du gouvernement : 1o à exclure l’esclavage de la République entière ; 2o à le confiner dans les États où il existait déjà ; 3o à préparer l’émancipation générale.

On comprend de quel enthousiasme je me jetai dans la mêlée. Elle était rude. Le Sud écumait, vociférait :

— Quel que soit le résultat du vote, criait-il, plutôt déchaîner la guerre, que subir la présidence de Lincoln !

Les amis de la paix quand même, frissonnaient à ces menaces ; les gens de sens rassis, les tenaient pour bravades en l’air ; les hommes d’énergie et de cœur, fatigués des allures insolentes du Sud, sentant que le pays avait trop souvent fléchi devant ses audaces, relevaient le front, acceptaient le défi, fourbissaient carabines et revolvers.

Le Sud se serait creusé l’esprit, pour découvrir la meilleure manière d’exaspérer le Nord contre l’esclavage, il n’aurait pas trouvé mieux.

Ces impertinences de planteurs, courbache au poing, ton haut, façons de maîtres, le Nord n’en voulait plus.

Lincoln fut nommé.

Qu’allait faire le Sud ? Ravalerait-il ses rodomontades ? Se soumettrait-il au verdict du peuple ? Procéderait-il à l’exécution du programme qu’il avait si bruyamment publié ?

Un son de trompette dans le Sud, la marche pesante d’hommes armés, vint répondre à la question.