Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/238

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Moi, aller avec vieux homme ! — répondit-il froidement.

Vingt et un jours à peine écoulés, Harper Ferry était pris, repris, et Brown aux mains du Sud.

Telle fut ma dernière entrevue avec le capitaine Brown : Cœur de lion, héros fourvoyé.

— Si tout se borna là ! — me demandera-t-on : Pourquoi ne pas comparaître devant les tribunaux de Virginie ? Qu’aviez-vous à redouter ?

Je vais vous le dire. Que je fusse de moitié dans l’affaire d’Harper Ferry, mes ennemis ne pouvaient le prouver. Mais ce qu’ils pouvaient prouver, c’est que je m’appelais Frédérik Douglass, c’est que je poursuivais l’abolition de concert avec Brown, c’est que je lui avais amené Green, c’est que je lui avais apporté de l’argent. Or, il n’en fallait pas plus pour me faire pendre.


Jérémie Anderson, un des hommes de Brown, me rejoignit en Canada. — Le capitaine, m’apprit-il, tenait ses plans secrets. Lorsque sa troupe devina le but de l’entreprise, une désapprobation générale se manifesta parmi les noirs. N’importe, tous avaient juré, tous résolurent de suivre leur chef, où qu’il les menât.

— Mais vous, Anderson, comment vous trouvez-vous ici ?

— Captain Brown nous avait, Green et moi, lancés dans le pays, pour y recruter les esclaves. Quand Lee cerna Brown, nous étions déjà hors des murs.

— Et Green ?

— Oh ! Green ! — Voilà, qu’y pouvons-nous, main-