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Les planches apportées, John Brown commença d’y crayonner un plan de fortifications, destinées à son projet des Alleghanis. Placés de distance en distance, les forts — cachettes dans les rochers, on s’en souvient — devaient, par de secrets passages, se relier les uns aux autres ; et ses compagnons, l’heure venue, tomber tous à la fois sur l’ennemi. Ces esquisses, qui m’intéressaient moins qu’elles ne captivaient mes enfants, montraient que Brown avait aussi bien l’œil sur les moyens que sur la fin. Il les fit voir à Shieds Green, autrement dit Empereur, esclave fugitif de Charlestone, individu taciturne, indomptable, que sa dignité personnelle faisait généralement respecter. Les deux caractères se comprirent. Brown, qui vit de quel granit était bâti l’homme, lui dévoila ses intentions. Green jura de les exécuter.


Brown cependant, de retour à Springfield, m’écrit soudain qu’il va commencer l’œuvre. Mais avant, il désire me voir, et me donne rendez-vous dans une carrière abandonnée : Chambersburg, Pennsylvanie.

M. Kagi, mon secrétaire, ajoute-t-il, sera présent. Amenez Green ! Apportez le plus d’argent que vous pourrez ! »

Je prends Empereur, dix dollars que me remet une amie, miss Glocester ; j’arrive à Chambersburg, on m’y demande une conférence, je la donne — il fallait écarter les soupçons. — Ma conférence achevée, je me mets en quête d’un M. Watson, désigné par John Brown comme mon guide vers les carrières ; je trouve