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Grièvement blessé, transporté à Charlestown, le chef et provocateur de l’insurrection, John Brown, y attendit son jugement. Tout en déclarant sa cause légitime, tout en protestant contre son arrestation, il prévoyait la sentence.

John Brown avait jeté le gant, non-seulement à la Virginie, mais à tous les États du Sud, et à la Fédération même. Il avait bravé les lois. Il avait déchaîné contre lui deux des plus terribles passions humaines : la colère et la peur. Quelques efforts que pussent tenter les abolitionnistes — qui déploraient et blâmaient son acte — nulle chance pour lui, d’échapper à la condamnation.

Amené devant le grand jury (27 octobre), John présenta trois requêtes : du temps pour préparer sa défense ; l’assistance d’avocats appartenant aux États du Nord ; l’autorisation de communiquer avec ses codétenus. — Seule, sa demande concernant le secours d’avocats du Nord, lui fut octroyée.

La fureur et l’épouvante — on craignait un soulèvement général des noirs — précipitèrent les débats. Étendu sur son lit de camp, presque inconscient, John Brown assista, plus qu’il ne prit part à sa défense.

Existait-elle ? — Les avocats désignés par la Cour, ceux qui étaient accourus du Nord, n’avaient eu ni les uns ni les autres, le temps de la préparer.

Au verdict du jury : Coupable ! succéda la sentence de mort. John Brown en appela. L’arrêt fut confirmé, l’exécution fixée au 2 décembre.

— Gentilshommes ! — s’écria Brown, à l’ouïe du