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heure aussi, était venue. Il la rencontra, joyeux et résolu. Je le vis fréquemment, tandis qu’il cherchait dans l’Est, des armes avec des munitions. Il s’abritait sous mon toit, mes conférences travaillèrent pour sa cause, et pénétrant plus à fond dans cette âme, je sentis pour l’homme un plus profond respect.

Le problème ne consistait pas seulement en ceci : quel parti prévaudra dans le Kansas ? Le problème renfermait cette autre question : les citoyens des États libres, y seront-ils soufferts ? — Les flibustiers du Missouri, avaient répondu négativement. Ils opéraient des razzias, incendiaient, assassinaient, ravageaient.

On s’est indigné des sanglantes représailles de John Brown. Impossible, je suis le premier à le dire, d’envisager sans frisson, les coups infligés par cette main de fer. C’était la loi Lynch, avec ses effroyables rigueurs, appliquée en grand. Mais qu’on songe aux attentats des agresseurs !

Le courage, l’habileté stratégique, la promptitude d’exécution, qui signalèrent cette campagne de John Brown dans le Kansas, défient l’imagination.

Avec huit camarades, il bat et capture H. Clay Pate, entouré de ses vingt-cinq hommes, tous armés, tous à cheval. Avec trente compagnons, il rencontre quatre cents Missouriens, commandes par le général Read. Les quatre cents avaient juré de ne repasser la frontière, qu’après extermination au Kansas, du dernier vestige de ce qu’on appelait dans le Sud : l’Esprit des États libres. Un coup du balai que manie John Brown, les renvoie chez eux. Cela fait, Brown, en dépit des lois et des