Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/215

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’auditeurs, le charmait, l’enlevait ! Notre race était vengée.

On conçoit les fureurs du Sud.

Battu sur le terrain polémique, voyant se déployer autour du Free soil party, les bannières du Free labour, Free states, Free speeches, Free men[1] ; il sentit la terre trembler, l’esclavage fléchir, et c’est alors qu’éclatèrent, avec son courroux le plus forcené, ses plus extravagantes prétentions.

— La Constitution garantissant au planteur — ainsi parlait le Sud — son droit à posséder, vendre, acheter, battre, tuer l’esclave ; défense devait être faite à tout citoyen, de parler, écrire ou agir contre ce droit.

Trop excessive pour trouver appui, même chez les partisans de la servitude, l’idée fut échangée contre cette autre : modifier la Constitution. — Deux présidents au lieu d’un. Le Nord, le Sud, chacun aurait le sien. L’unité se retrouvait en ceci, que nulle mesure ne pouvait, sans l’assentiment des deux présidents, passer à l’état de loi.

Le projet, absolument impraticable, s’affaissa sur lui-même.

Les colères du Sud s’en accrurent : — Augmentation du nombre des États à esclaves, de leurs représentants dans les deux Chambres ; suppression de la libre parole, telles devinrent ses exigences. Ce fut alors (1850) que, grâce à Clay et à Calhoun, sénateurs tous deux — les plus habiles meneurs qu’ait possédés le Sud — un compromis fut tenté, d’ignobles mesures furent adoptées,

  1. Libre sol, libre travail, États libres, libres discours, hommes libres.