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— Racheter ! s’écrièrent-ils, c’est reconnaître le droit de vendre ! Par cet acte inconsidéré, la cause est compromise. Pourquoi ne pas rester en Angleterre ? Pourquoi n’y pas poursuivre l’œuvre entreprise ? L’indépendance vous y était assurée. Le principe ne fléchissait pas. Et puis… 150 £, c’est beaucoup d’argent !

Si je n’avais consulté que mes goûts, j’aurais pu choisir l’Angleterre pour ma patrie ; mais j’avais autre chose à faire : mon devoir. Or, mon devoir m’appelait à côté de mes frères esclaves, sur le sol même qu’ils arrosaient de leur sang ; aux premiers rangs de cette bataille, qui déjà se livrait dans les âmes, avant de bouleverser le territoire américain.

Quant à la rançon, c’était celle que réclament les brigands d’Italie ou de Grèce, et qu’on leur paye, lorsqu’il s’agit d’arracher la victime de leurs mains.

Passons à la presse. Un témoignage personnel de sympathie, et pour mon caractère, et pour la cause que je servais, devait m’être offert par ses amis et les miens. J’avais appris l’intention, repoussé le don personnel, et parlé d’une presse, comme du plus puissant moyen d’agir, aux États-Unis, sur l’esprit des deux races.

La presse me fut généreusement octroyée. — Merci à vous ! frères anglais.


Le front tourné vers l’Amérique (printemps de 1847) ma libération en portefeuille, ma presse emballée, je pris et soldai — £ : 40, 19 sh. — mon droit aux premières places, salon et cabine, sur le Cambria.

Monté à bord, on m’informa que l’agent supérieur