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Je publiai mon discours. Un instant, le chairman l’avait interrompu ; les quinze minutes allouées à chaque orateur venaient d’expirer :

— N’interrompez pas ! Douglass, Douglass ! Allez ! allez ! Continuez ! — cria-t-on de tous les coins de la salle.

J’achevai donc ; les journaux anglais, les feuilles américaines reproduisirent non-seulement mes paroles, mais la lettre qui répondait aux calomnieuses accusations du docteur Cox. — Il ne répliqua pas. À tort ou à raison, son silence passa pour un aveu de sa défaite.


Même année, 1846, l’Église indépendante écossaise, tenait à Édimbourg son grand synode. L’importance de l’événement m’y appelait ; je m’y rendis.

Après s’être posé cette question énorme : Accepterons-nous les contributions des propriétaires d’esclaves ? Encaisserons-nous, pour en bâtir nos temples, pour en soutenir nos prédicateurs évangéliques, le prix du sang ? — L’Église indépendante, bravant les protestations de chrétiens tels que Murray, Smeal, Paton, Card ; froissant le sentiment religieux des masses, avait répondu :

— Oui, nous l’accepterons. Oui, nous l’encaisserons ! — et l’avait encaissé… au nom de la Bible[1] !

  1. Les églises libres de Suisse et de France protestèrent vigoureusement, elles aussi, à plusieurs reprises, par de nombreux appels à l’Église indépendante d’Écosse. Qui ne se souvient des adresses rédigées par le comte Agénor de Gasparin, l’éloquent ennemi de l’esclavage, le fidèle ami de l’Amérique ? — Trad.