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tant des gloires de l’Angleterre et de sa solidité. — Mais il y allait de la vie, pour l’ouvrier et les menues gens.

Cobden et Bright défendaient les droits du peuple : le droit d’avoir du pain.

Cordialement accueilli par tous deux, hôte bienvenu de M. Bright dans sa belle demeure — Rochdale — mieux je les connus, mieux ils me semblèrent, par leurs contrastes mêmes, se compléter l’un l’autre.

M. Cobden, maigre, pâle, grand, aurait pu passer pour Américain. M. Bright, large, vigoureux, coloré, était le type de l’Anglais pur sang.

Cobden, yeux noirs, cheveux noirs, tête bien dégagée des épaules, avait au repos je ne sais quelle expression de lassitude et de tristesse. Que de fois je la lui ai vue, dans la Chambre des communes, alors qu’assis, rêveur, une de ses mains supportait cette tête fatiguée ! Bright, au contraire, pétulant, disert, rapide, était toujours en pleine activité de pensée ou de parole.

Avec Cobden, on avait statistique, chiffres et faits. Avec Bright, saillies, humour, émotion, merveilleux pouvoir d’éloquence.

L’un, s’adressait à ce caractère calculateur et positif de la nation, qui demande à toute nouvelle idée : Payeras-tu ? — L’autre, à ce côté infini de notre nature, qui demande avant tout : Est-ce droit ? est-ce juste ? est-ce humain ?

Où que ces deux hommes parussent, la foule accourait : Cobden parlera ! Bright parlera ! L’affiche n’était pas collée depuis une heure que la Town Hall, Birmingham, la Free-Trade Hall, Manchester, le Covent Garden Theatre,