l’orateur. Celle nuit-là, tous, après qu’il eut parlé, étaient garrisoniens.
Le meeting clos, M. J. A. Collins, agent général de l’Anti-Slavery Society, me proposa d’en soutenir les principes, comme agent secondaire. Mes mains — on les eût dit revêtues de cuir — semblaient marquer ailleurs ma place, ainsi que mes travaux ici-bas. N’avais-je point une famille à nourrir, des enfants à élever ? Échappé depuis trois années seulement à l’esclavage, mal sûr de ma parole, craignant en outre qu’un tel éclat ne me signalât aux vengeances de maître Auld, je refusai… pour consentir bientôt, à un essai de quelques mois.
Nouvelle carrière, nouvelle vie :
— Le jeune docteur que voici — avait coutume de dire M. Collins, en me présentant au public — a pris ses degrés dans une université spéciale : Il porte son diplôme écrit sur son dos !
Ardent, croyant, l’enthousiasme bouillonnait dans mes veines. Splendide était la cause, intègres les hommes qui la servaient, loyale notre action. Avec la bénédiction de Dieu, grâce à nous, des milliers d’asservis allaient être libres. Oh ! comme je le priais, ce Dieu qui mène les cœurs ; ce Dieu, le chef de notre armée !
Je m’élançai dans les rangs, prêt à la bataille, altéré de sacrifice… et rencontrai, ce qu’on rencontre sur tous les sentiers de la terre : des épines parmi les fleurs.
M. George Forster parcourait avec moi le pays. — Entendre ce que peut dire un nègre ! La chose valait la peine.