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de servitude ; tandis que sa couleur le marquait éternellement du sceau de l’esclavage ; son front se redressait à New-Bedford, presque au niveau du front des blancs. Les enfants nègres, étaient admis dans les écoles que fréquentaient les enfants de race blanche. Rien, dans la constitution du Massachussets — je tiens le fait de M. Johnson — ne s’opposait à ce que, choisi par le peuple, un noir ne fût nommé gouverneur de l’État.

Qu’un planteur, se hasardât à venir capturer son esclave fugitif, cent hommes libres se levaient pour défendre celui-ci.

Je ne sais quel Judas noir, rampant un jour jusqu’à l’oreille de je ne sais quel propriétaire sudiste, lui découvrit la cachette, où s’abritait l’évadé qui lui avait appartenu. Aussitôt connue, la trahison indigne le peuple de couleur. Du haut de la chaire d’une des ses églises, un meeting solennel est annoncé. Le Judas s’y rend — il ne se doutait de rien. — Prières dites, chairman et secrétaires en place, le président prend la parole :

— Frères ! s’écrie-t-il : Nous avons ici un traître. Jeunes gens, saisissez-le ! Tuez-le dehors !

Notre vilain sauta par la fenêtre, et court encore.


J’étais libre ; il s’agissait de trouver le pain du ménage.

Vêtu en ouvrier, je m’acheminais vers les quais pour y chercher du travail, lorsque je vis un amas de charbon, devant la porte du Rév. Éphraïm Peabody.

— Puis-je le rentrer et le ranger ? — demandai-je à la cuisinière.