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fût cette avenue par les arbres, je vis se dessiner sur elle quatre hommes blancs, à cheval.

Tout est perdu ! pensai-je.

Le premier qui déboucha dans la cour, fut M. W. Hamilton. D’ordinaire, il imposait le pas à sa monture. Ce matin, lancé au galop, couvert d’écume, soulevant des tourbillons de poussière, son cheval le déposa devant l’habitation. M. Hamilton, un des hommes les plus résolus du voisinage, avait la parole douce et l’esprit circonspect.

— Où est M. Freeland ? demanda-t-il.

— Dans la grange, monsieur.

Il se dirigea vers la grange. Quelques instants plus tard, les deux gentilshommes revenaient. Sur un signe de M. Hamilton, les trois blancs — trois constables — rejoignirent, sautèrent à bas de cheval ; tous tinrent conseil, puis se rapprochèrent de la cuisine. Je m’y trouvais seul avec John. — Henry et Sandy étaient encore dans la grange.

— Ici, Frédérick ! — cria d’une voix agitée M. Freeland.

— Présent, monsieur.

Saisi par les constables :

— Tu t’es fourré dans quelque mauvaise affaire ! — grommela l’un d’eux : Tu vas filer avec nous devant ton maître, Captain Auld, à Saint-Michel. S’il te juge innocent, on te relâchera !

Solidement garrotté, la résistance était impossible : Cinq contre un, armés jusqu’aux dents !

Henry s’avoisinait.