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XIX

complot.


Pour tout homme de sens, le 1er janvier est un jour sérieux : la réflexion nous ramène en arrière, l’espoir nous porte en avant. Ce matin-là — 1er janvier 1836 — en arrière j’avais la douleur, en avant l’obscurité.

Toujours esclave ! M. Freeland avait reloué mes services pour un an. Sa promptitude à le faire aurait flatté ma vanité, si j’eusse aspiré à la renommée d’esclave de prix. Tout révolté que j’étais contre la servitude, je sentais mon orgueil doucement caressé. Mais les bienveillances d’un maître, si elles dorent la chaîne, n’en brisent pas un anneau ; et le mois de janvier vit s’affermir dans mon âme, la résolution d’en finir avec le joug.

Chose dans le passé, chose dans le présent, je voulais être homme dans l’avenir. — La pensée seule de m’accommoder au servage, d’avoir, ne fût-ce que l’air en prendre mon parti, me couvrait de confusion. J’avais projeté, j’avais parlé ; le moment était venu d’agir. Je fis donc le vœu solennel, non-seulement de m’échapper, mais d’entraîner des frères avec moi. — John et