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nègres. Plus de labeur, sauf les menus travaux de la ferme et de la maison. Ceux qui ont femmes ou enfants ailleurs, vont passer avec eux le congé. Les Nemrod, chassent l’opossum, le lièvre, le lapin : poil, écaille ou plume. Les amateurs de plaisir — de tous, ce sont ceux-là qui plaisent le plus aux maîtres — boxent, luttent, courent, dansent, et vident force cruches de wisky. Les industrieux, fabriquent des balais, des nattes, des corbeilles, des colliers pour les chevaux, et en tirent de jolis deniers ; ce que les maîtres ne considèrent pas de bon œil, vu qu’un esclave qui fait trois dollars dans une semaine, est sujet à conclure qu’il en pourrait gagner trois cents en douze mois, et à prendre la clef des champs.

Ce n’était donc que rires, que tapage de tam-tam[1] — la passion du nègre ! — Tout en frappant à coups redoublés sur son tambourin, l’artiste improvisait des couplets… pas tous à la louange de l’esclavage :

« Nous semons le froment,
On nous donne la balle.
Nous pétrissons le pain,
On nous donne les miettes.
Nous rôtissons la viande,
On nous donne les os.
Nous remplissons le pot,
On nous donne l’écume.
C’est assez bon, disent-ils, pour le noir ! »

Les vacances de Noël, à en juger d’après mon expé-

  1. Calebasse tendue de peau, qui sert de tambour.