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passion, elle ne sent pour lui d’estime, que lorsqu’elle voit poindre en ce cœur, la vaillance avec la volonté.

Et maintenant, l’esprit de liberté m’avait affranchi. Esclave pour la forme, j’étais libre de fait. Quand un esclave résiste aux coups, il est à demi délivré. Mon empire, c’était mon cœur. Je comptais, dès lors, parmi les puissants ici-bas.


Pourquoi, demandera le lecteur, M. Covey ne dénonça-t-il pas son esclave ? Pourquoi n’appela-t-il pas sur cette tête rebelle, les foudres de la loi ?

Lecteur, je me le demandai moi-même ; et, tout en y réfléchissant, je m’imaginai que Covey, vaincu par un noir de seize ans, ne se souciait pas beaucoup d’ébruiter l’aventure.

Sa réputation de dompteur, de rompeur — source de gain — s’en serait mal trouvée. L’intérêt, autant que l’orgueil, lui conseillait de garder le silence.

Il le garda.