Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
LES BELLES-DE-NUIT.

N’aimaient-elles point, qu’importe ! Alors c’était de l’art, un vrai chef-d’œuvre ! Il fallait admirer cette science précoce et profonde, qui copiait avec une vérité sublime jusqu’aux élans de la passion.

Roger était vaincu ; Étienne chancelait et se débattait encore.

Mais il y avait un symptôme terrible.

Vers le milieu du bal, un domestique lui avait remis une lettre portant le timbre de Redon.

Et cette lettre, si chèrement attendue, Étienne l’avait serrée sans l’ouvrir.

Cette lettre qui parlait de Diane, sans doute…

Étienne avait fait cela, le vaillant, le fidèle !

Hélas ! pauvres filles de Bretagne !…

Montalt était le plus fort. Quel noble triomphe ! Il avait enfin réussi à tuer l’avenir de deux enfants inconnues…

Il restait toujours auprès de Robert, qui poursuivait son récit.

Tandis que le nabab écoutait, sa belle figure gardait le calme de l’indifférence, et pourtant il fallait bien que les faits racontés par Robert lui inspirassent un intérêt quelconque, car le temps ne lui pesait point trop ; il ne songeait pas à quitter la place, bien que l’histoire se prolongeât outre mesure.

Robert avait la parole élégante et facile. En