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LES BELLES-DE-NUIT.

ce que je voulais savoir… Maintenant, un mot encore… ce mot, répétez-le à vos complices, M. Blaise, car il pourrait devenir votre arrêt… Vous avez envoyé aux pieds de Dieu celles qui étaient trop faibles pour vous combattre sur la terre… Elles sont fortes maintenant ; prenez garde !… S’il arrivait malheur à l’Ange de Penhoël que vous tenez en votre pouvoir, vous pourriez dire adieu à votre vie de méfaits et de crimes, M. Blaise ! car il y a sur votre tête une main armée… la main de vos victimes, que vous ne pourrez pas tuer deux fois !

Blaise était tout tremblant, et néanmoins son être se révoltait énergiquement contre cette fantasmagorie impossible. Il avait, pour étayer son incrédulité, le bruit et la lumière de la fête. Ce n’était point le lieu d’une apparition.

Peut-être que si pareille vision s’était présentée à lui, là-bas, en Bretagne, sous les murailles noires de la Tour du Cadet, le long des rives mélancoliques du marais de Glénac, peut-être fût-il tombé foudroyé.

Car, en ces lieux tristes et consacrés par les terreurs populaires, tout parle à l’âme un langage mystérieux et surnaturel.

Sous ces grands saules chevelus, les pâles vierges qu’on nomme les belles-de-nuit passent et repassent.